Les conflits de loyauté
« La loyauté est l’expression d’une reconnaissance à l’égard du lien, un témoignage du caractère fondamental et significatif de ce lien. » (D’après Ollié-Dressayre et Mérigot- 2006)
Suivant Bôszörményi-Nagy (1987), le concept de loyauté est « un ensemble d’expectatives et d’injonctions familiales intériorisées. Il est inséparable des concepts de confiance et légitimité. »
La loyauté à ses parents capture parfois l’enfant, comme l’exprime Yves-Hiram Haesevoets « dans des formes de compromis vicieux qui dépassent l’entendement et le privent de tout esprit critique. » il y a conflit de loyauté par exemple lorsque l’enfant victime d’abus sexuels s’identifie à son agresseur et porte le poids de la culpabilité.
Comment un enfant peut-il résoudre ce conflit interne lorsqu’il aime ses parents et que ceux-ci lui donnent des cours particuliers avec leur meilleur ami qui est en fait un violeur d’enfants… ? Ne pas les décevoir, ne pas les informer, garder à tout prix l’équilibre qui s’est instauré (aller toutes les semaines dans le bureau puis rejoindre sa mère ), se dissocier c’est-‘à-dire séparer le corps de son mental, c’est à ce prix que l’enfant pourra refouler/oublier ces scènes vécues involontairement.
D’où un immense sentiment de confusion, d’irréalité, d’impuissance ; de tristesse, de culpabilité par introjection de l’agresseur.
L’enfant, dans le cas d’agressions sexuelles et viols n’a pas été protégé par les parents. Sans jugement envers les parents, on peut aisément dire que ceux-ci n’ont pas été attentifs aux signaux de détresse envoyés par l’enfant : signaux manifestés par le corps (anorexie, boulimie), le comportement (lorsque l’adolescent s’enferme dans sa chambre pour ne cesser d’apprendre et faire ses devoirs), …Je peux dire qu’il y a eu négligence de la part de mes parents, ils n’ont pas vu ce qui se déroulait sous leurs yeux, je pense qu’ils n’ont réellement pas vu et non qu’ils n’ont pas voulu voir, comme me l’ont dit certaines personnes…
Mais il faut savoir que malgré les épreuves, les comportements inadaptés des parents, l’enfant reste attaché à ses parents inconditionnellement. Comme l’exprime le Dr Roland Coutanceau, psychiatre et expert national, Président de la ligne française de santé mentale, « la loyauté de l’enfant l’empêche d’élaborer une pensée plus objective, d’autant que la force de ses sentiments surplombe sa raison.
A travers ses idées, l’enfant ramène tout à ses parents, sous cette emprise de la pensée, il ne parvient pas à élaborer un argument personnel, sans se référer à ses parents… » Ce fut mon cas, alors que j’avais atteint l’âge de 25 ans : je ne savais pas parler de moi, je ne parlais que de mes parents, de leurs exploits et de leurs blessures…, dans une voiture en allant de Blois à Lyon, avec le Directeur Commercial de la première société dans laquelle j’ai travaillé…
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