« Le poids et le moi »
C’est le titre d’un ouvrage écrit par le Dr Bernard Waysfeld, médecin, psychiatre, endocrinologue et nutritionniste.
Vaste sujet que j’évoque ici : le poids lié à l’oralité, à l’image de soi, aux addictions, aux peurs. Il existe le poids idéal, celui de la médecine, et tous les autres, plus ou moins en dehors d’une certaine normalité. Cette « normalité » n’est pas la même pour tous. Beaucoup d’individus ont un poids, celui de leur corps, qui ne correspond pas à leur « Idéal du Moi » : quête de légèreté poussée jusqu’à l’extrême, engloutissement de nourriture pour assouvir l’angoisse, déni d’un poids anormalement élevé pour « se préserver » de l’environnement, tel un rempart contre l’intrusion, difficulté de poser des limites au plaisir gustatif ressenti,
Obésité, maigreur, autant de facettes de notre corps que nous « offrons » au regard de l’autre, corps qu’il faut pourtant habiter. Les troubles graves du comportement alimentaire s’enracinent dans des manques de sécurité affective, nous dit l’auteur ; dysfonctionnement de la relation.
Ainsi, l’anorexique « famélique » ne souhaite pas devenir « femme », plutôt rester enfant avec sa cohorte de bénéfices secondaires (tendresse parentale) ou parce qu’elle perçoit un danger à devenir femme si le souhait parental inconscient est qu’elle reste enfant pour ne pas devenir rivale de la mère.
Le garçon boulimique ne s’autorise pas à se détacher de sa mère car, de même, il perçoit chez elle, une peur de l’abandon, s’il séduit et envisage d’autres relations affectives.
L’auteur évoque la question du désir et du manque pour tenter d’expliquer les processus addictifs. Le manque est à la base du désir. « Le gavage systématique entraine une confusion des affects et une faille dans la structuration du désir qui ne peut se faire sans le manque » ; trop tôt comblé, ce manque viendra un jour à manquer et ne pourra être restitué qu’artificiellement par le recours à l’aliment drogue, prélude aux compulsions graves… » Compulsions alimentaires lors de périodes de la vie où l’identité est remise en cause notamment : grossesse, ménopause…. »Fusion du besoin et de l’objet, conduite addictive »…
Chez l’anorexique, « l’élation narcissique des périodes d’ascèse » (élation : sensation de légèreté et de toute puissance » révèle ce combat intérieur pour maîtriser la faim, et au-delà, cette volonté sourde de refuser la nourriture pour une autre nourriture « plus affective, plus compréhensive ».
« Le choix, certes inconscient, d’un symptôme physique n’est pas innocent. Si l’obèse ou l’anorexique présente son corps, c’est qu’il ne peut faire autrement. Le corps, bien souvent, colmate une authentique souffrance psychique qui peut rester déniée
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