L’anorexie, facteurs psychologiques, identité, autonomie, sexualité défaillante, déficit du self, image de soi déformée
Cet article fait suite au précédent écrit le mois dernier (Voir l’article).
Pourquoi autant d’insistance sur ce sujet, peut-être parce qu’il m’anime depuis longtemps, parce qu’il est toujours intéressant de comprendre son histoire, de « se la révéler à soi », d’en faire un récit cohérent à la première personne où tout s’enchaine, se comprend finalement. Alors quelle sérénité acquise, quelle cohérence retrouvée !
Nombreux sont les facteurs psychologiques qui déclenchent le comportement de l’anorexique. Comme l’exprime Hilde Bruch (1978) citée par le Dr Guy Pomerleau dans son ouvrage « Démystifier les maladies mentales, ANOREXIE ET BOULIMIE » Comprendre pour agir » (2001) , « les symptômes anorexiques sont les conséquences d’un combat que livrent les adolescentes atteintes contre le fait de se sentir incompétentes et inefficaces pour mener leur propre vie et d’être assujetties aux exigences des autres ; sentiment paralysant d’inefficacité, incapacité d’affirmer ses propres besoins et d’établir ses limites, par crainte de décevoir les attentes de son entourage. »
L’acquisition de l’autonomie ne peut se faire car la mère a besoin pour vivre que son enfant ait besoin d’elle, elle ne lui apprend rien (cuisine, repassage….) et elle prétexte que son enfant s’enferme dans sa chambre pour étudier… Mais finalement, cela l’arrange car cela lui permet de maintenir son enfant en dépendance.
Comme l’exprime l’auteur cité précédemment, « l’anorexie apporte aux adolescentes un sentiment de satisfaction et de force intérieure, c’est une victoire sur leur sentiment d’inefficacité : le contrôle qu’elles exercent sur leur corps et leur absorption de nourriture leur permet de compenser bien artificiellement leur inaptitude à maîtriser leur vie émotive et interpersonnelle. »
Palazzoli explique que les besoins physiologiques de l’enfant n’ont pas été satisfaits de façon adéquate par son environnement immédiat, de sorte que la fillette a fini par se faire une mauvaise image de son corps, qui représente ces figures intrusives. Pour se protéger, elle deviendra plus forte que ce corps dont elle niera les besoins, et elle tentera de transformer ce maître en escale, d’oû un clivage corps-esprit. Le corps est un mauvais objet qui doit être dominé par un esprit tout-puissant. C’est le triomphe de l’esprit sur le corps : mais à quel prix ? Au prix du renoncement à être Soi, à affirmer ses besoins, ses désirs et en se conformant aux désirs des autres.
Déficit du self
La notion de « self-object », élaboré dans le cadre de l’anorexie mentale, se réfère à la notion de cohésion du Soi. Toute personne a besoin de sécurité et d’apaisement venant d’une tierce personne, notamment de la figure maternelle et des expériences positives de l’enfance. Le sentiment de continuité est important car s’il n’a pas été construit au départ, l’adolescente anorexique se comporte comme si elle n’avait pas de self (soi) et se dévoue pour satisfaire les besoins du self-object des autres (Bachar, 1998).
Comme l’exprime l’auteur : « on note donc chez elles une déficience du self, cette partie de chaque personne qui permet d’acquérir des valeurs personnelles, de se donner des priorités, d’expérimenter, de gérer ses tensions et de maintenir un sentiment de cohésion et une bonne estime de soi. Pour les théoriciens du self, n’ont pas pu intégrer dans un tout personnel les expériences corporelles, cognitives et affectives de l’enfance. Sans objet extérieur, elles sont impuissantes, inefficaces, sans identité. Le monde se réduit au corps, la jeune fille nourrit les autres et se met à leur service. »
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